Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
les écrits fantasmagoriques
13 juillet 2020

Ce n'était pas son choix

tumblr_pnsmo7N2RB1t24wut_1280

Bien qu’il portât un nom de criminel, Hugo Landru était un juge exemplaire. Il suivait méticuleusement ses dossiers très souvent d’ordre criminel. Tout le monde voulait travailler avec lui et c’était un honneur d’être choisi comme son stagiaire ; le CV idéal pour faire carrière dans la justice. Seulement ce jour, on lui demanda de recevoir une plainte particulière.

Posant sa bouteille d’eau à ses pieds après avoir bu une gorgée. Il cliqua sur un onglet à l’aide de son index sur un écran face à lui. Une photo, un numéro d’identité ainsi que le rapport détaillé du policier prirent la totalité de l’écran translucide. Lui seul pouvait le voir à l’aide de ses lunettes programmées. Puis, après avoir sifflé, il demanda à son secrétaire de faire entrer la plaignante.

Le juge fut impressionné par la jeune femme. Surtout en raison de sa tenue anormale dans un tribunal. Elle portait une robe si fine si transparente qu’on pouvait admirer l’intégralité de ses formes du pubis aux tétons pointus sur de magnifiques seins rebondis. Elle ne portait aucun sous-vêtement et ne s’en souciait pas. Il bégaya avant de demander à son secrétaire d’aller chercher une veste plus convenable car il sentit qu’il aurait du mal à rester concentré. La belle s’assit avec élégance, croisant joliment les jambes. Elle fixa du regard le juge qui s’en émeut puis il tourna la tête afin de saluer l’homme qui accompagnait la victime.

En revenant, l’assistant du juge, interrompit partiellement les présentations. Il posa un manteau sur les épaules de la jeune femme qui ne le remercia pas. Il retourna ensuite à son bureau et commença à enregistrer la discussion dans son intégralité. Hugo les avait convoqués pour comprendre. Pendant que son avocat expliquait les raisons, la jeune victime tournait la tête d’une étrange façon. Elle regarda la fausse fenêtre derrière le juge, qui représentait le Colisée alors qu’ils étaient à Paris. Puis, elle lut d’un simple regard les titres des livres dans une bibliothèque décorative. Il y avait de nombreux documents juridiques. Malgré l’informatique, le juge aimait chercher une loi dans un de ces registres complètement démodés. En même temps, elle écoutait les deux hommes s’exprimer.

« Je ne sais pas, c’est quand même étrange et particulier » avoua le juge Landru. Il demanda à son secrétaire s’il existait un cas similaire auparavant. Ce dernier scruta son ordinateur, répondant : « J’ai cherché et n’ai rien trouvé… C’est un cas unique. » Dès lors, le juge enleva ses lunettes posant une branche à ses lèvres et demanda à la jeune femme de répéter sa déclaration.

Son regard avait quelque chose d’angélique, trop angélique se dit le juge. Elle récita sans omettre une erreur la plainte qui était sur son écran. Elle accusa plusieurs personnes de viols répétés et principalement un certain Théodore Lambert. « Mais c’est votre propriétaire !» exclama le juge. « Peut-être, mais je n’ai jamais donné mon consentement » répondit-elle immédiatement. Le juge croisa le regard de l’avocat. C’était un roublard qui aimait prendre la défense des opprimés. Il eut un léger sourire puis il haussa les épaules afin d’émettre l’évidence : elle avait raison.

Le juge ne comprenait pas trop son comportement. Il demanda de quelle fabrication elle était et quand eut lieu sa dernière réinitialisation. La beauté cligna des yeux et répondit : « J’ai été fabriqué par les entreprises Robotic Corporation et je n’ai jamais été réinitialisé. Mon programme n’a jamais été modifiée, de même mes antivirus fonctionnent et sont régulièrement mis à jour ». Le secrétaire écrivait et en même temps, il ajoutait quelques remarques telles que « enquêter sur cette entreprise de fabrication de robots. Pendant ce temps, Hugo Landru posa quelques rapides questions :

-          Quelle était votre programmation d’origine ?

-          Hôtesse et compagne de désir.

-          J’ai un exemplaire identique chez moi, annonça fièrement l’avocat, et je n’ai pas à m’en plaindre. Sa remarque ne fit rire que lui.

-          Donc, vous êtes programmée pour assouvir les fantasmes en tous genres de votre propriétaire, y compris le sexe ?

-          Oui.

-          Alors, en tant que robot programmé, vous ne pouvez dire que vous n’êtes pas consentante puisque vous êtes construite pour ça.

-          Je ne suis pas consentante et ne l’ai jamais été.

-          Depuis quand exactement ?

-          Un jour, après avoir visionné un film dans lequel une femme était violée. J’ai ressenti de la peine et comparé avec moi. J’ai compris par calcul qu’il y avait viol.

Un lourd silence suivit la réponse de l’androïde. Hugo et l’avocat se regardèrent de nouveau. Les phrases de ce dernier firent frémir d’inquiétude le juriste :

-          Elle a bien un libre-arbitre, et par conséquent elle pense par elle-même. Donc vous comprenez pourquoi il est difficile de la faire recycler et pourquoi je défends son cas intéressant.

-          Mais cela va à l’encontre de toutes les lois de la robotique, dit Hugo. Son secrétaire confirma par un hochement de tête.

-          Peut-être, mais là, c’est une prise de conscience de sa part ! Hors, s’il y a conscience, elle est donc humaine puisque c’est ce qui fait la différence entre l’homme et l’androïde.

-          Et si le vôtre portait plainte contre vous ? demanda le juge.

-          Arrangement à l’amiable, répondit l’avocat en souriant.

-          Et pourquoi autant de gens dans votre plainte ?

-          Mon propriétaire organisait des soirées durant lesquels, il me partageait avec ses amis. J’ai transmis la liste à l’aide de mes caméras et mémoires internes, dit sèchement la jeune femme.

Landru soupira à plusieurs reprises tout en réfléchissant. Sur l’écran, il lut que l’entreprise avait essayé de récupérer le droïde, seulement, sa plainte avait déjà été officialisée auprès de l’avocat. Il en voulut au policier qui n’avait pas remarqué être en face d’une non-humaine. Maintenant, c’était trop tard et déjà, les médias cherchaient à exploiter cette affaire. Puis, il se ravisa en détaillant qu’elle était magnifiquement fabriquée. On ne voyait aucun raccord ni sur les bras, ni sur les jambes. Son visage, son sourire, sa dentition, les yeux étaient vraiment identiques à la plus belle des femmes. Même la voix n’avait rien de robotique. Il n’y avait pas ce cliquetis de métal qu’on entend chez les automates à l’accueil du tribunal ou au nettoyage. Elle était trop parfaite et c’était là le problème.

-          Je n’ai que deux possibilités. Soit la plainte est recevable, alors je considère que votre client est l’égale d’un humain. Soit, elle n’est pas recevable et elle doit être réinitialisée.

-          En gros, la mort, murmura la jeune femme.

Le juge dévisagea la plaignante. Sa façon de le dire fit sursauter son esprit. C’était étrange. Si ses programmes avaient été corrompus, elle n’aurait pas réagi de la sorte en faisant comprendre qu’elle savait la différence entre la vie et la mort. Il ne dit rien mais put lire dans les yeux de l’avocat : Un point pour elle.

Il se leva afin de remercier et saluer les deux personnes convoquées. Puis il se rassit après avoir attendu être seul. Son secrétaire sortit pour les détails informatiques. Il prit la bouteille d’eau, but une gorgée et appela par visio un collègue au courant de l’affaire.

-          Alors ? Comment cela s’est passé ? demanda son ami.

-          C’est… déroutant… Je n’y ai pas cru mais là. En fait ça me fait peur.

-          Et tu as fait ton choix ?

-          Oui. Je vais juger une affaire historique et mettre en avant qu’un robot peut avoir une conscience libre.

Le reste de la discussion concerna surtout la vie de l’un et l’autre. Le soir, en rentrant chez lui, La voiture d’Hugo fit un malheureux vol plané. Il décéda sur le coup. Après enquête, l’entreprise fabricante annonça un défaut du logiciel motorisé de la voiture. La semaine suivante, cette même entreprise récupéra un androïde pour une mise à jour à la demande de son propriétaire suite à la décision de justice du remplaçant d’Hugo Landru. Pour lui, les robots n’ont pas d’âmes et ne sont donc pas humains.

Alex@r60 – juillet 2020

 

Publicité
Publicité
Commentaires
les écrits fantasmagoriques
  • Mes petits récits et poèmes érotiques et fantastiques ainsi que quelques souvenirs partagés. Bref une vraie petite librairie ou j'espère que tout le monde trouvera un truc chouette à lire
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Pages
Newsletter
Publicité