Esquisse
La soie de son peignoir glisse
Sur sa peau à la fois bronzée et lisse.
Timide, elle pose d’abord ses mains
Sur le torse, cachant ainsi ses beaux seins,
Avant de s’assoir sur l’établi
Entre une bouteille et quelques fruits.
…
Elle pourrait cacher sa nudité
Avec ses longs cheveux noirs et épais.
Mais elle choisit de remonter un genou
Rajustant son bas dans un léger frou-frou.
Les yeux fermés, elle attend ensuite
Que l’artiste dirige sa conduite.
…
Surprise, il lui demande de garder
Cette pose avec un air détaché.
Dès lors, le corps ferme, elle ne bouge plus
Seul son visage s’anime, remue ;
Il montre une pensée pleine de tristesse
Enrichissant l’œuvre de délicatesse.
…
Entre ses doigts de couleur carbone,
Le crayon du peintre s’actionne.
Peu à peu, sur le papier filiforme
De la toile, le corps prend forme.
Il veut la dessiner plus belle qu’elle n’est :
Elle sera sa muse, sa reine de beauté.
…
Patiente, elle n’ose pas respirer.
L’air, en gonflant ses poumons contre son gré,
Pousse le téton à durcir en effleurant
Sa cuisse et le bas de satin blanc.
Elle attend sans jeter le moindre regard
Vers le dessinateur et son œuvre d’art.
…
D’un geste brutal, il pose le crayon.
Et prenant une grande aspiration,
Il réfléchit non sans certaine malice,
A garder son œuvre en tant qu’esquisse.
Alors, rapidement, il signe et écrit
Un titre rêveur: Ma belle mélancolie.
Alex@r60 – juillet 2020