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les écrits fantasmagoriques
17 mars 2021

L'hôtel particulier (33)

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Chapitre 33 : Le couple

J’étais en plein sommeil lorsqu’une lointaine musique résonna jusque dans mon rêve. Dès lors, je me laissai emporter par la mélodie provenant d’un piano. Je ne sais pas si j’étais conscient de rêver, toutefois, je me voyais descendre les escaliers et entrer dans la grande salle vide et étonnamment silencieuse. Pourtant, la musique venait bien de cet endroit.

J’observai le piano qui avait une forme différente. Il était plus sobre, collé au mur, il n’avait pas de cadre profond qui donne une apparence de table. Une jeune femme en chemise de nuit, jouait. Elle resta debout et cette musique fut si intense que mon corps frémit à la moindre note jouée. Toutefois, je ne cherchai pas à connaitre le titre de la chanson.

J’avançai doucement. Je voulus savoir à qui j’avais à faire. La jeune femme tourna la tête sans arrêter de jouer et quelle fut mon émotion en découvrant le beau visage de Tatiana. Larme à l’œil, elle continua de pianoter les touches avant de dire qu’elle était désolée. Dès lors, je sentis l’émotion envahir mon esprit. Je voulus pleurer, lui répondre. Je voulus dire son erreur, j’étais autant fautif, mais de quoi ? Soudain, elle demanda si j’étais Joseph. Je fis un pas en arrière en entendant sa voix transformée. L’angoisse, la peur devint plus forte au point de me réveiller.

Elle était juste au-dessus de mon nez. Cette femme répétait sans arrêt la même question : « Joseph ? Joseph ? ». Je levai la tête, répondis en chuchotant. A ma grande surprise, elle ne partit pas et continua de me surveiller. Il n’était pas possible de voir son regard tellement elle ressemblait à une ombre chinoise. Je perçus notamment ses formes, sa poitrine rebondie, son chignon ainsi que le contour de ses hanches mais rien qui puisse dire à quel sorte de personnage j’avais devant moi.

Sans présenter d’excuses, elle sortit de la chambre. Je me décidai à la suivre. Habillé d’un T-Shirt et d’un boxer, je marchai dans le couloir encore sombre et éclairé par les rayons de la lune à travers les volets. Elle accéléra, grimpa au second étage avant de s’engouffrer dans le couloir de gauche. Malgré mon retard, je pus la voir entrer dans la dernière chambre.

Contrairement au rêve, l’ambiance était pesante en raison d’une brume environnante. Je mis cela sur le compte de la fatigue et d’avoir été réveillé. Je marchai lentement en direction de la chambre. Tout en ayant une trouille du tonnerre, j’espérai rencontrer ce Joseph, bien que notre dernière discussion ne fût pas la plus rassurante. Je marchai jusqu’à l’avant dernière porte qui était entrebâillée.

Il venait d’enlever sa chemise montrant un torse rempli de cicatrices. Elle, vêtue uniquement d’une paire de bas, d’une culotte en dentelle et d’un loup, caressait ce ventre guéri. Elle s’agenouilla puis déboutonna son pantalon. Dès lors, sa main effleura le caleçon du blessé. Son geste fit remuer le tissu et d’un geste à la fois lent et assuré, elle baissa brusquement le sous-vêtement faisant jaillir un sexe tendu. Elle rit car elle faillit le prendre en plein visage. Puis, après une caresse de la part de son amant, elle ouvrit la bouche pour déguster le membre raide. L’homme d’apparence jeune, ferma les yeux, leva la tête et prit la sienne par les cheveux pour la diriger. Par moments, elle semblait s’étouffer. Ses doigts collés contre la peau de l’homme semblèrent hésiter entre reculer dans le but de le repousser et le frotter intensément. Cependant, il insista encore et encore.

Je regardai cette scène de baise parce que je n’y vis aucun amour. Tout-à-coup, l’homme sentit ma présence et me fixa de son regard qui glaça mon sang. Tout son visage gauche était défiguré. La paupière presque fondu, se mêlait à une joue écailleuse. Même la lèvre n’existait plus montrant un sourire grinçant avec la vision de quelques dents. Il resta silencieux, lâcha sa compagne qui reprit son souffle et entama une nouvelle succion sur le gland cramoisi et visqueux. Après avoir découvert ma présence, elle se leva et claqua la porte afin de continuer discrètement leurs ébats.

De mon côté, je partis vers la chambre du fond. La porte n’était pas fermée si bien qu’elle s’ouvrit dans un grincement interminable. J’allumai et ne vis personne ! La pièce afficha un silence impressionnant. Je pensai entendre les cris de plaisir de « ces voisins »  mais finalement, rien ne s’entendit. D’ailleurs, je réalisai que la chambre était décorée façon Blandine contrairement à l’autre chambre plus rustique et vieillotte. Alors, sans attendre, sans prévenir, je me précipitai dans cette chambre et constatai l’absence du couple. Les fantômes étaient repartis comme ils étaient venus.

Malgré l’heure tardive, je ne sentis plus le besoin de dormir. Je descendis en cuisine, bus un verre de lait et grignotai en même temps quelques sablés anglais. Je restai assis, les coudes sur la table à écouter le silence planant dans la maison. Toutefois, je sentis un léger froid parcourir mes épaules. Je repensai au couple de la chambre. J’avais encore en tête le visage déformé, le sourire obligé de cet homme ainsi que cet œil disparu. C’était ça le plus étonnant, j’avais en mémoire, un œil qui n’existait plus ! Je bus le reste de mon verre et partis remonter à l’étage. Mais avant, je lavai le verre sentant toujours un frisson parcourir mon dos, jusqu’à entendre un craquement.

Je sursautai et découvris la porte de la cave  ouverte. A ce moment, je réalisai que le craquement n’était rien d’autre que le bruit d’une marche comme si un pied venait de se poser dessus. J’approchai de la porte. Je regardai en plissant les yeux afin d’habituer mon regard à l’obscurité totale du lieu. Je ne vis rien de particulier. Cependant, une respiration sourde résonna en bas des marches. J’entendis aussi quelques claquements puis un cri qui paralysa mon corps pendant un court instant. Je voulus m’éloigner, me blottir dans un coin en position PLS, mais je n’arrivai plus à contrôler mes émois. Les claquements retentirent encore plus forts, un second hurlement, la voix d’une femme et de nouveaux clacs firent écho jusqu’à moi.

La peur au ventre, j’inspirai un grand coup avant de fermer la porte violemment et de m’éloigner d’elle. Je me rassis afin de m’assurer qu’elle ne s’ouvre plus. J’attendis plusieurs minutes, silencieux dans une insonorité impressionnante. Cependant, j’avais encore le bruit des claques ainsi que les cris inhumains. Je serrai les dents, je serrai les poings attendant pour me remettre de cette brutale violence. Enfin, je pus me relever et retourner dans ma chambre avec la décision de ne plus en sortir avant l’aube.

Une fois couché, je repensai à Tatiana. Son retour à la maison était prévu le lendemain. Durant mes visites, elle se montrait de mieux en mieux, plus ravissante et plus belle que jamais. Au début, elle eut du mal à accepter la perte de notre enfant mais avec une assistante psychologique et après de nombreux examens ne révélant rien d’anormal, il n’y avait plus nécessité à la garder en observation.

Et le visage de cet homme réapparut à mon esprit. Son torse plein de cicatrice, son comportement, sa façon de tenir la tête de cette prostituée se rappelèrent subitement. Ils devinrent presque visibles tellement je pensais à eux. Elle, à genou gobant le membre de ce mutilé et lui empoignant sa tête pour l’obliger à tout engloutir. Une musique vibra jusqu’à la chambre, je compris que les fantômes s’amusaient dans la grande salle. Je ne descendis pas et fermai les yeux pour m’endormir.

-          Joseph ? Joseph ?...Tu n’es pas Joseph

Ensuite, les talons de la propriétaire de la voix claquèrent sur le plancher. Elle se dirigea vers la porte. Malgré les paupières fermées, je perçus une lueur dans le couloir.

-          Joseph ? Ha Joseph, tu es là enfin ! Embrasse-moi !

Soudain deux coups de feu et un corps qui tomba à terre me firent sursauter. Je levai le buste, observant la porte entre-ouverte. Quelqu’un marcha dans le couloir. J’entendis un soupir et une voix presque murmurée:

-          Vergib mir !

L’homme quitta le couloir me laissant dans une terreur inimaginable. Je restai éveillé écoutant ce qui ressembla à des cris d’enfants, des tirs. Et enfin le silence qui calma le reste de la nuit.

Alex@r60 – mars 2021

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  • Mes petits récits et poèmes érotiques et fantastiques ainsi que quelques souvenirs partagés. Bref une vraie petite librairie ou j'espère que tout le monde trouvera un truc chouette à lire
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