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les écrits fantasmagoriques
7 mai 2020

Les secrets de l'oncle Charles

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Dans la famille, on s’est toujours posé la question sur la fortune de l’oncle Charles. Quand le frère de je ne sais plus quel arrière-grand père mourut, il avait plus de cent ans et vécu dans le luxe et l’opulence. Il avait une magnifique villa dans la partie la plus huppée de la région. De même, il passait généralement ses vacances dans des hôtels de luxe sur la croisette ou dans les plus beaux palaces internationaux. Il avait visité presque tous les pays du monde y compris ceux qui n’existent plus. Et tout ça, sans travailler une seule fois dans sa vie ; enfin, sans vraiment pas travailler car c’était une question qu’on entendait durant les diners de famille quand il n’était pas présent : Mais que faisait-il comme métier ? On raconta qu’il fut un simple ouvrier, petit photographe dans le monde du cinéma. On pensa à un héritage secret d’une galante fortunée avec qui il entretenait une relation intime. On suspecta de lui, malgré sa petite taille et son aspect maigrelet, qu’il jouait un double-jeu, criminel notoire cambriolant les riches demeures pendant la nuit. D’ailleurs, des cousins criaient partout qu’Arsène Lupin était de notre famille. C’est vrai qu’il avait un côté Georges Descrières.

Peu après son décès, nous eûmes la charge de faire un état des lieux de sa propriété afin de la mettre en vente et partager plus facilement l’héritage. La maison était immense, trop immense pour un seul homme. Il n’invitait pratiquement pas la famille alors, cette journée fut pour nous comme la visite d’un musée. Nous découvrîmes de nombreux tableaux avec plus ou moins de la valeur. Dans le hall, il y avait son portrait fait par un peintre inconnu. Mais de chaque côté, c’était bien un Picasso à gauche et un Matisse à droite. Des tableaux qui ne figuraient nulle part dans les registres de recensements, soutenant encore plus l’idée qu’il fut un gentleman-cambrioleur.

Nous parcourûmes les salles les unes après les autres. Nous fûmes émerveillés par la décoration quoi qu’un peu surfaite. Les dorures sur la vaisselle. Je vis pour la première fois de l’argenterie, réalisant que c’était plus lourd qu’une vaisselle classique. Partout où nous nous dirigeâmes, nous restions abasourdi. Notre oncle avait une bibliothèque comme dans tous les châteaux. Les livres protégés derrière des vitres, ornaient les étagères. J’en feuilletai un et fus stupéfait de lire la date de parution ; c’était un traité de médecine de 1774. Incroyable !

Une journée ne suffit pas. Nous décidâmes de rester dormir pour une partie d’entre nous, les plus vieux de la famille préférant rentrer et revenir le lendemain. Mais nous savions qu’il fallait une voire deux semaines afin de tout évaluer. Je restai ainsi avec quelques cousins. Nous partageâmes un frugal repas version hamburger bon marché puis, nous décidâmes de continuer notre exploration. La villa était composée de trois étages, ajouter à cela un grenier et une cave interminable, c’était six niveaux de la taille d’un terrain de football que nous avions à ranger. Alors, nous ne perdîmes pas de temps et après le diner, nous reprîmes notre inventaire.

Aucune chambre ni salle de bain ne se ressemblait en couleur. Elles avaient toutes des murs de couleur différente. La chambre rose, la bleue, la verte pomme… La salle de bain jaune, la bleue azure... Nous crûmes visiter un hôtel car chacune contenait le même mobilier, un double lit à baldaquin identique. C’était déroutant quand on savait qu’oncle Charles était plutôt du genre à aimer la simplicité. Il s’habillait toujours avec le même costume, pourtant, son dressing comportait une quantité incroyable de vêtements, principalement de la haute couture. C’est à côté du dressing que nous découvrîmes une porte secrète.

Cette dernière menait à une salle sans fenêtre, totalement fermée et isolée. Après avoir cherché et trouvé à tâtons l’interrupteur, la vision d’inquiétantes machines nous perturba. C’était des machines de torture, faites pour attacher, humilier ou rabaisser son ou sa prisonnière. Plus loin, un atelier comprenant différents objets nous intrigua. En effet, nous trouvâmes une incroyable collection de fouets et martinets. Mais surtout, des godemichets de différentes tailles. En continuant nos recherches, un bureau dérogeait au mobilier présent. Forcément, ce bureau avait une utilité. Et après avoir forcé les serrures des tiroirs car n’ayant pas trouvé de clé, nous découvrîmes à notre grande surprise de nombreux dossiers accompagnés de photos. Nous perçâmes ainsi le secret d’oncle Charles.

Notre grand oncle avait des dossiers intimes sur les prestigieuses personnes de la haute société. Ainsi nous trouvâmes celui d’un ancien président de la troisième république dont certaines photos en compagnie de petites filles indiquaient ses tendances pour les enfants. Un autre dossier concernait une femme d’un riche politicien photographiée dans le même lit qu’une autre femme. Leur position était sans équivoque. Je n’y croyais pas : Oncle Charles était un maitre-chanteur. Et il faisait aussi chanter des artistes, des chanteurs, des hommes, des femmes de tous bords. Apparemment il fit sa fortune grâce à ces photos dont je ne sais comment il en a obtenu la possession.

Sur des cahiers, je pus lire des détails croustillants, des anecdotes au sujet de soirées fines organisées dans sa demeure. La plupart des partenaires participèrent contraints par une menace de dévoiler un péché ou une action inavouable. Ils s’enfonçaient encore plus dans un chantage sans fin car à ce moment, Charles ajoutait des photos aux dossiers déjà imposants. Et vu la liste, on peut dire qu’il y avait du gratin. Par la suite, nous trouvâmes des films comportant des scènes lubriques en noir et blanc. Parfois les acteurs habillés souriaient avant de laisser place à une orgie dont on pouvait reconnaitre les visages. Je vis ainsi un ministre des années cinquante se faire sodomiser par un grand acteur de la comédie française pour son plus grand plaisir. Si cela était tombé dans les mains de l’opposition, cela aurait annoncé le suicide du ministre et la fin de la carrière de l’acteur ou inversement.

Plus nous découvrîmes des informations, plus nous étions à même de réécrire l’histoire de France et sa culture. Surtout avec le contenu des cahiers de comptabilité. On apprit que son premier « bon client » était un richissime industriel, et amateur de jeunes prostitués nubiles qui profita de jeunes juives pendant la seconde guerre mondiale. Il justifia leurs emplois au sein de son entreprise en les soi-disant cachant au nom de la résistance. Seulement, il avait des affinités auprès de dirigeants nazis et partait souvent en voyage d’affaire pour récupérer de la main d’œuvre dans un camp de concentration. Cela parut insensé, impossible à croire tellement il y avait d’informations. Mais qui était réellement oncle Charles pour en savoir autant ? Un agent secret ? Rien n’affirmait cette hypothèse mais c’était possible, car nous découvrîmes aussi des renseignements sur des personnalités étrangères, des soviétiques, des américains, des africains… On se demanda comment il avait fait pour ne pas avoir été assassiné et mourir centenaire.

A la longue, les photos devinrent fatigantes à voir. De nombreux clichés se ressemblaient présentant des personnages et leurs victimes dans toutes les positions sexuelles. Toutefois, l’une m’intrigua énormément. Il s’agissait d’une jeune femme dont les charmes étaient sans équivoque. Elle était sur de nombreuses photos datant des années 1920, nue ou habillée. Contrairement aux autres, elle affichait un bonheur parfait et semblait même s’amuser quand elle était fouettée. Cela m’interpela, surtout que derrière une des photos prise pendant qu’elle se déshabillait, il y avait un message à moitié effacé mais encore lisible qui contrastait avec le reste du donjon : « Cher ami, je ferai tout pour vous plaire et vous satisfaire combien je vous aime ».

Alex@r60 – mai 2020

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  • Mes petits récits et poèmes érotiques et fantastiques ainsi que quelques souvenirs partagés. Bref une vraie petite librairie ou j'espère que tout le monde trouvera un truc chouette à lire
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