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les écrits fantasmagoriques
15 novembre 2019

Derrière le symbole

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Après l’amour, il adorait utiliser Amélie comme oreiller. Elle s’allongeait sur le ventre tandis qu’il cogitait sur la vie et plein d’autres choses. Parfois il parlait de ses rêves, de ses désirs ou tout simplement de ses projets. Mais aujourd’hui, il avait autre chose à faire. Il avait une promesse à honorer.

Il prit un marqueur de préférence un effaçable car il avait peur des conséquences. Ensuite, il forma un croquis sur les reins de la jeune femme. Elle rigola demandant de quoi il s’agissait. Il répondit juste qu’il créait une œuvre d’art, un dessin pour lui porter bonheur parce qu’il l’aimait profondément. Elle ne put s’empêcher de sourire, ses yeux brillèrent quand il prononça une nouvelle fois la phrase désirée. Elle laissa son amant tracer les traits, la joue posée sur la main, elle voulait que ce moment ne s’arrête jamais ; Elle réalisa qu’elle était plus qu’amoureuse. Le marqueur laissa une couche d’encre froide sur sa peau frémissante. Elle imagina un dessin magnifique mais connaissant les talents d’Antoine, elle devina que ce ne serait pas un Modigliani. Elle le regarda, constatant qu’il utilisait un papier pour faire son modèle. Il semblait tellement sérieux qu’elle n’osa pas l’interrompre. Amélie attendit la fin de la création pour enfin demander à voir le dessin.

Depuis qu’ils se fréquentent, elle n’avait jamais vu son visage aussi sérieux. Il fronça les sourcils en examinant de plus près son travail tout en le comparant au morceau de papier. Quand il finit, il ne montra pas de plaisir, se contentant d’étendre son corps auprès du sien. Sur le dos, il resta songeur, les yeux fixaient le plafond, il voulait dire un mot mais se retint. Elle s’approcha, voulut l’embrasser, il refusa en lui tournant le dos. Elle crut l’entendre pleurer. Toutefois, elle préféra le laisser dans son silence. Finalement, ils s’endormirent l’un à côté de l’autre.

Durant la nuit, une forte odeur d’œuf pourri réveilla Amélie. Elle se leva et sentit soudain une douleur atroce sur le bas du dos provoquée par une brûlure. Elle crut s’enflammer de l’intérieur tellement la douleur devenait un supplice. Elle partit dans la salle de bain sans se soucier d’Antoine qui dormait toujours. Elle regarda sa peau rougie autours des signes écrits par son ami. Elle pensa faire une allergie et essaya de retirer l’encre mais l’angoisse l’envahit en réalisant que rien de partait. Elle utilisa tous les produits disponibles, y compris le white spirit, mais rien n’y fait : le dessin ne s’effaçait pas. Pire, elle comprit en le touchant du bout des doigts, qu’il s’était imprégné tel un tatouage. La pigmentation de l’encre s’était mélangée à celle de sa peau. Affolée, elle continua de frotter, accélérant de plus en plus pour enlever ce dessin en forme de symbole. Elle maugréa et commençait à rejoindre Antoine pour l’engueuler quand elle entendit frapper sur le miroir. Le visage souriant d’Antoine derrière la glace la fit sursauter de peur. Elle tourna la tête constatant qu’elle était bien seule dans la pièce d’eau. Elle entraperçut le jeune homme toujours allongé sur le lit. Elle ne comprenait comment son reflet pouvait être avec elle. Elle n’osa plus bouger observant l’autre Antoine qui montrait son plus grand sourire. Elle appela son amoureux, il ne répondit pas, il ne se leva même pas. Amélie se préparait à bondir pour quitter la salle de bain quand le reflet referma la porte d’un claquement de doigts. Coincée, elle voulut crier, seulement rien ne sortait de sa bouche : aucun son, aucune lettre ! Elle était tétanisée par cette personne qui d’habitude, suffisait pour l’apaiser. Il eut un rire et demanda à Amélie de l’entendre parler. Sans bouger, la main sur la bouche, l’autre sur la poignée de la porte qui essayait de l’ouvrir. Elle comprit qu’elle n’avait pas d’autre choix que d’accepter.

L’homme au visage d’Antoine racla sa gorge avant de s’exprimer. Il commença par « il était une fois…» allant loin dans le passé d’Antoine. Il avait onze ans quand un soir pendant des vacances en Bretagne, il joua aux cartes avec des cousins. Seulement, les règles venaient d’un livre de magie noire. Sans le savoir, ils avaient invoqué un démon de l’enfer qui offrait au vainqueur du jeu un avenir glorieux, une chance interminable et bien sûr la richesse. Antoine accepta, qui aurait refusé ? Mais, parce qu’il y avait toujours un « mais», il devait en échange donner l’amour de la femme de sa vie. Amélie sentit soudain une envie de vomir remonter son œsophage. Elle ne sut dire que «non !» avant de pleurer et de comprendre que la fortune d’Antoine avait décidé de son avenir. Déjà son cœur sembla s’éloigner de cet homme qui dormait tranquillement. Le visage d’Antoine s’effaça lentement du miroir laissant apparaitre le sien à la place. Elle vit des rides cernant ses yeux, elle crut vieillir sur place. Elle eut envie de se mutiler, de crier son mépris pour cet homme qui l’avait vendue alors qu’ils ne se connaissaient pas encore. Tout à coup, elle eut mal au ventre. Dès lors, pour calmer la douleur, elle s’assit le long de la porte commençant à se doigter comme pour chercher à éteindre un feu qui la consumait. Un rire, le même que le reflet retentit. Elle n’en pouvait plus au point de prendre une douche et d’être aimée par le pommeau.

Quand Antoine se réveilla, elle était dans la cuisine, entièrement nue, elle exhibait fièrement son tatouage diabolique gravé dans le creux de ses reins. Il fut stupéfait de voir sa copine végétarienne dévorer de la viande crue. Elle dévisagea Antoine d’une façon qui ne rassura en rien. Il comprit qu’elle appartenait à l’autre. Alors, il prit ses affaires et ne revint jamais, laissant sur le lit un mot : « Pardon ». Après avoir passée la journée nue, Amélie s’habilla en tenue sexy, elle savait qu’il sera partout où elle ira. De même, elle comprit qu’elle sentitz son odeur irrésistiblement immonde partout, dans les coins les plus reculés. Il pouvait intervenir quand il le souhaiterait. D’ailleurs, elle savait qu’elle était devenue son jouet et pour lui faire plaisir, elle partit dans un bois réputé pour ses prostituées et s’offrit gratuitement à tous les hommes qui désiraient la baiser. Son enfer venait de commencer !

Alex@r60 – novembre 2019

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